Coupez ! de Michel Hazanavicius, saignez vous êtes filmés
Michel Hazanavicius est de ces réalisateurs qui semblent n’avoir peur de rien : ni du ridicule, ni de varier les genres. Oscarisé pour The Artist (film muet à la façon d’un Chaplin), il est aussi les créateur de la saga comique OSS 117.
En 2022 il s’attèle au film de zombies avec Coupez !.
Le film est en réalité le remake d’un film japonais de Shin’ichirō Ueda : Ne Coupez pas.
Il commence par un long (trop long!) plan séquence d’une trentaine de minutes : l’histoire raconte le tournage d’un mauvais film de zombies pendant lequel de vrais zombies font faire leur apparition et massacrer toute l’équipe.
Après cette séquence où l’on se demande (autant que les acteurs) ce que l’on fait là, le film prend une tournure plus classique, avec une caméra stable, des coupes, des champs et contrechamps… Cette fois, nous sommes un mois avant le tournage et les préparatifs commencent : production, casting, techniciens…
Enfin, arrive ce tournage très particulier puisqu’il s’agit de tourner l’intégralité du film en direct et en plan séquence.
La boucle est bouclée.
Voilà un film réjouissant !
Michel Hazanavicius est connu pour son humour hyper référencé et décalé. Avec Coupez ! il ne déroge pas à la règle. Car enfin ce film n’est pas du tout un film de zombies, on le comprend vite, mais bien un film sur le cinéma et les gens qui le font.
Les personnages sont excessifs, névrosés, alcooliques, inadaptés, faibles, désabusés ou passionnés. Et toute cette variété créé une richesse de caractères propice aux situations tragiques, donc comiques.
Quant à la réalisation, c’est un coup de force car c’est une triple mise en abîme : tourner les coulisses d’un film qui raconte un tournage, qui a réellement été tourné lui-même tout en comptant sur la connivence et la mémoire du spectateur, ce n’était pas une mince affaire !
Il en résulte un film jubilatoire dans lequel on prend un immense plaisir à voir les éléments s’emboiter, à voir le travail d’une équipe à la cohésion fragile mais réelle, et à rire de leurs difficultés.
Michel Hazanavicius en criant son amour du cinéma, a fait sa Nuit Américaine, et cela ne pouvait être qu’une parodie !