Don’t come home, plus qu’un thriller thaïlandais
S’il est question de la Thaïlande sur les écrans, vous penserez peut-être au film La Plage sorti en 2000 avec Leonardo DiCaprio et Virginie Ledoyen. Cette fois, on reste dans le sud du pays mais pour découvrir un thriller en 6 épisodes disponibles depuis le 31 octobre 2024 sur Netflix : Don’t Come Home.
De quoi parle la série Don’t come home?
Neung, song, saam, sii, haa… En regardant cette série en VOSTFR vous apprendrez à compter en thaï alors que Min (interprétée par Alina Marie Chang), 5 ans, joue à cache-cache. D’abord, elle y joue dans la voiture qui l’emmène avec sa mère loin d’un père violent. Ensuite, on la voit courir et se cacher dans la maison d’enfance de sa mère. Tout au long des 6 épisodes, la petite fille joue pourtant rapidement elle disparaît de manière inexpliquée un soir d’orage.
Varee (interprétée par Woranuch Bhirombhakdi), la mère de Min la cherche partout et se résout à appeler la police alors qu’elle avait prévu de faire profil bas. La disparition inexpliquée de l’enfant au départ laisse suspicieuse l’inspectrice de police enceinte de 6 mois (Pitchapa Phanthumchinda). Cependant, elle refuse de céder à la facilité et fouille pour essayer de retrouver la fillette. L’enquête l’emmène même à déterrer une affaire datant de 1992.
Une série thriller fantastique pas d’épouvante ou d’horreur
Le premier épisode pourrait faire penser à un début de film d’horreur. L’enfant est seule à voir un esprit noir et incandescent. Sa mère voit quant à elle une petite fille qui joue et qui court, une fillette masquée que l’on ne peut reconnaître. La présence d’esprits dans une maison est normale en Thaïlande où l’animisme et le bouddhisme sont associés au quotidien. Cependant les esprits présents dans la maison familiale ne sont pas l’intrigue première de ce thriller. Vous ne sursauterez pas de peur mais vous serez tenu·es en haleine tout au long des 6 épisodes.
La recherche de l’enfant dans un contexte familial obscur est le moteur de cette mini-série Netflix. Les premiers épisodes créent un cadre fort et prenant – d’autant plus quand on connaît la culture thaïlandaise. On entre dans l’intrigue facilement. La fiction ne semble pas si irréelle. Chaque détail est minutieusement pensé et offre une grande crédibilité au scénario et à l’intrigue. La fiction et le fantastique sont dans un cadre plus que crédible qui nous fait adhérer à l’histoire et au voyage dans le temps. C’est un des gros points forts de cette série.
Une courte série qui met en évidence des problèmes sociaux bien ancrés dans la culture thaïlandaise
Autre point fort de Don’t come Home est de mettre en évidence des traits sociaux durs. Dès le premier épisode, la violence conjugale est présente avec le visage tuméfié de la maman. Et à plusieurs reprises, avec plusieurs personnages, il sera question cette violence au sein du couple. On comprendra alors que cette forme de violence est inscrite dans le temps comme un phénomène sociétal à part entière.
Ce n’est pas le seul point que la série met en image. Il est également question de la police thaïlandaise et de son fonctionnement, du bas de l’échelle au rang élevé de colonel. Don’t come Home montre la jalousie, le manque de respect quand on est une femme dans la police, un système parfois arriéré et défaillant (et pas uniquement avec le système informatique qui tombe régulièrement en panne). Cette mise en image de la police montre ses travers de manière crescendo et petit à petit, on se rend compte que le système n’est pas juste et qu’il profite avant tout à ceux qui ont du pouvoir.
Alors qu’en tant que touriste en vacances en Thaïlande, on apprécie le calme et le respect inhérents à la culture locale, on est loin de se douter de ses travers. Cette série montre d’autres facettes plus personnelles de la culture et de son histoire. Comme une manière de protester de manière non violente contre un système injuste depuis bien trop longtemps. Vous entendrez des bribes d’émissions de radio de mai 1992. Cette époque est connue comme étant le « black may » ou le « bloody may »: des protestations violentes comme réponse au putsch militaire de 1991 et à la nomination du premier ministre le général Suchinda Kraprayoon.
Bande annonce de Don’t come home
Image de couverture: capture d’écran