
The Lost Daughter : vacances d’une mère intranquille

2021 – Royaume-Uni
Réalisé par : Maggie Gyllenhaal
Casting : Olivia Colman; Jessie Buckley; Dakota Johnson; Peter Sarsgaard; Ed Harris; Paul Mescal; Jack Farthing…
The Lost Daughter est le premier film de Maggie Gyllenhaal, sorti en 2021 sur Netflix. Le film a reçu le prix du meilleur scénario à la Mostra de Venise, et a été nommé dans plusieurs catégories aux Golden Globes et aux Oscars.
Leda est une femme de 48 ans. Elle est professeure de littérature appliquée à l’université de Boston et a décidé de prendre des vacances, seule sur une petite île grecque tranquille. Elle lit, travaille un peu, somnole sur la plage, bref, elle se ressource. Jusqu’au jour où une famille tapageuse (et trouble) débarque en hors bord sur le rivage.
Dans ce groupe bruyant, Leda remarque très vite Nina (Dakota Johnson), une mère dépassée par sa fille de 5 ou 6 ans qu’elle n’arrive pas à maîtriser et qui aspire toute son énergie. Cette relation si difficile lui rappelle ce qu’elle a vécu avec sa propre fille, une vingtaine d’années plus tôt…

La réalisatrice fait alors des allers-retours entre le présent et le passé de Leda à mesure qu’elle apprend à connaître Nina.
Elle aussi a eu des moments épuisants avec l’une de ses filles (aujourd’hui adultes).
Elle aussi s’est retrouvée au bord de la rupture.
Elle aussi trouvait insupportable de devoir sacrifier son métier qui la passionne pour ses filles, alors que son mari ne se pose pas la question, lui.
Elle aussi aurait aimé que sa vie ne tourne pas qu’atour de sa vie de mère.
Elle aussi voudrait juste être tranquille.
Petit à petit, Maggie Gyllenhaal dresse un portrait nuancé de Leda, les flashes back alimentant ses actes présents. Elle pose alors les questions : quelle est la différence entre une mère dévouée et une mère aliénée ? Qu’est-ce qu’une mauvais mère ? Est-il assumable de se choisir soi plutôt que ses enfants ?
Toutes ces questions taboues, la réalisatrice ose les poser, et tente même d’y répondre, au moins au sujet de Leda. Sans jamais porter de jugement, bien au contraire, elle comprend cette femme qui ne veut pas qu’être mère.

Leda est interprété avec toute la finesse et la profondeur qu’on lui connaît par Olivia Colman. Et son alter ego de vingt ans de moins est interprété avec toute la fougue de Jessie Buckley. Si les deux femmes ne se ressemblent pas vraiment physiquement, elles arrivent pourtant à créer un personnage cohérent et profond.
Leda/Olivia est rongée par une culpabilité sourde, quand Leda/Jessie est elle, accablée par une vie qui ne lui convient pas. Entre les deux, un acte inavouable qui changera sa vie pour toujours.
Dans The Lost Daughter, Maggie Gyllenhaal raconte une histoire puissante et dérangeante en faisant monter la tension très lentement pour mieux nous annoncer le terrible secret de Leda.

Ce film possède une certaine filiation avec ceux de Jane Campion (reine du female gaze), dans sa dimension esthétique, ses lumières douces, ses plans parfois très serrés, et surtout ses magnifiques portraits de femmes.
The Lost Daughter est un film marquant, intelligent, profond et qui interroge autant la société que les femmes elles-mêmes sur la place de la maternité dans une vie.
Le film est disponible actuellement sur Netflix.
Bande-annonce de The lost daughter
Images : captures d’écran
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