Dying For Sex, sexualité et cancer font-ils bon ménage ?

Créé par: Kim Rosenstock, Élisabeth Meriwether
Distribution: Michelle Williams, Jenny Slate, David Rasche, Esco Jouléy, Kelvin Yu, Rob Delaney, Jay Duplass, Sissy Spacek, Zack Robidas
A voir sur Disney +
Il est loin le temps où Michelle Williams jouait le rôle de Jennifer Lindley dans Dawson. Tout le monde vieillit, les acteurs aussi et les rôles changent. En 2020 elle incarnait le personnage d’une directrice d’orphelinat indien dans Après le mariage (on vous le conseille) et il était déjà question de cancer. Cependant avec la série Dying for Sex, c’est le personnage qu’elle incarne qui a une rechute incurable.
Synopsis : Quelle est l’histoire de la série Dying For Sex ?
Molly (jouée par Michelle Williams) suit une thérapie avec son mari. C’est lors d’une session de thérapie qu’elle reçoit un appel de son médecin : Le cancer est revenu. Son cancer du sein était soigné depuis deux ans mais les analyses montrent des métastases dans les os. Une forme de cancer incurable.
Pas de larmes ou de tristesse exarcerbée suite à cette annonce. C’est même le contraire. Molly prend enfin la décision de dire tout haut ce qu’elle pense. Et avec un traitement anti-cancer qui ne marche pas et qui titille ses hormones, elle ose enfin avouer ne pas prendre son pied quand elle fait l’amour avec son mari.
Dying for Sex est avant tout un podcast publié en 2020 par l’américaine Molly Kochan (1973-2019) où elle relate son parcours : l’annonce du cancer, la rechute après traitement, une sexualité exacerbée, la séparation, du cyber-sexe…
Des questions qui fâchent : cancer, sexualité, rejet…
La sexualité n’est clairement une thématique abordée par les médecins quand il est question de cancer. On va parler traitement, protocoles, hospitalisation… mais surtout pas de sexualité, même si les traitements dérèglent les hormones. Le patient n’est généralement pas un être sexué avec des besoins, des envies, un corps. C’est donc un parti pris unique et on se rend compte qu’il est tiré d’une histoire vraie. Ce qui est intéressant dans cette mini-série c’est que la question de la sexualité dépasse le cancer. Il est question de cancer et de couple, de plaisir et de savoir ce qui nous fait plaisir mais également de génération qui ne connait pas si bien son corps. Cette série parle aussi d’une autre thématique relative à la sexualité : le viol de Molly quand elle était enfant.
La sexualité n’est pas la seule question qui mérite de l’intérêt. Nous aborderons après la question de l’aidant mais Molly à travers son parcours suit aussi des groupes de soutien pour femmes cancéreuses. Elle commence avec un premier groupe où elle n’est qu’avec des femmes au stade terminal et elle dénote par sa jeunesse mais aussi l’éclat de vie qu’elle dégage.
Elle décide alors d’intégrer le groupe suivant : un groupe de femmes plus jeunes, plus dynamiques et positives. Un groupe de femmes qui ont un cancer qui ne dépasse pas le stade 3. Au départ, elle cache qu’elle est au stade 4 mais elle fait une boulette. La conséquence ne se fait pas attendre: Elle se fait virer du groupe (le prétexte : elle est ce que les jeunes femmes du groupe redoutent le plus : la rechute malgré la lourdeur du traitement). Face au rejet, Molly prend assez bien les choses. Mais ne croyez pas que le rejet dans un groupe de soutien est anecdotique (même en France).
Enfin une place reconnue de l’aidant dans un parcours de cancer
Rapidement dès le premier épisode, on se rend compte que le personnage principal n’est pas seul pour naviguer dans son processus de rechute. La place de l’aidant est omniprésente. D’abord incarné par le mari, la relève est vite prise par la meilleure amie de Molly.
Et cette meilleure amie est Nikki (Jenny Slate). Elle est bohème, actrice et vient juste d’emménager chez son mec avec qui elle sort depuis quelques mois. Ce n’est clairement pas une personne qui est préparée à la lourde tâche qui l’attend mais elle refuse de laisser en plan sa meilleure amie. Elle va apprendre à prendre des notes, se rendre compte de la lourdeur administrative qu’est un cancer, ne plus savoir arriver à l’heure au travail. Grâce à Nikki, on se rend compte que la position de l’aidant dépasse largement le fait de tenir la main et dire deux ou trois phrases rassurantes. On voit aussi le personnage changer physiquement et psychologiquement au cours des 8 épisodes.
Dans la même veine, il y a le personnage de Sonya (Esco Jouley) qui fait partie de son équipe médicale. Pas de blouse blanche et d’air pompeux mais un accompagnement psychologique en soins palliatifs. Une porte ouverte pour que Molly puisse s’exprimer pleinement et dépasser ses bloquages – même ceux qui ne sont pas en liens directs avec la maladie. Une version personnelle et efficace du corps médical. D’ailleurs les frontières entre le soignant et le personnel s’effacent.
Comme si le cancer ne suffisait pas, l’enfer est pavé de bonnes intentions
Quand le mari n’est pas le meilleur des aidants
Vous avez déjà détesté un personnage de film ou de série ? Un personnage qui est tellement désagréable que vous vous demandez si vous n’allez pas quitter la série avant la fin ? Le mari de Molly : Steeve (interprété par Jay Duplass) peut donner cette envie. Il donne aussi envie de passer dans l’écran et de le secouer pour qu’il prenne conscience de sa manière d’être.
Sur le papier, c’est un homme bien. Il est journaliste, il n’a pas de mal à verbaliser ses maux devant un psy. Il a pris soin de sa femme malade pendant son premier cancer et il est près à recommencer suite à l’annonce de la rechute. Mais (évidemment il y a un mais) le personnage crée un jeu de pouvoir autour de la maladie. “Comment vas-tu t’en sortir sans moi?” C’est d’ailleurs le premier personnage à effacer la féminité de sa femme pour ne voir qu’une version de Molly la cancéreuse.
Le personnage du médecin dans la série et dans le parcours de cancer
Moins détestable mais tellement dans le réel : le personnage du médecin, le Dr Jerry Pankowitz (joué par David Rasche). Le protocole de soins avant tout et tant pis si ça vous détraque. Il vous offre un max d’années à vivre sans prendre en compte la qualité de vie de ces fameuses années. Dans les deux premiers épisodes, le médecin et le mari font la paire, le premier appelle le second par son prénom pour vous dire leur connivence. A partir de l’épisode 3, il va assumer du bout des lèvres que la sexualité de sa patiente ne l’intéresse pas alors que cette sexualité est exacerbée par le traitement prescrit par le médecin. Et puis Molly finit par prendre le taureau par les cornes et changer cette dynamique docteur / patient. Une belle pirouette pour le personnage de Jerry.
Pour le dernier épisode, sortez les paquets de mouchoirs. Dying for sex est disponible sur Disney +.
Bande annonce de Dying for sex
Source de l’image d’en-tête: capture d’écran


