À Découvrir Absolument sort son Hors Série #3. Interview.
Gérald De Oliveira, bâtisseur de tributes, a libéré son Hors Série #3 consacré au Remué de Dominique A dimanche soir à vingt-trois heures. On imagine, qu’une fois le travail graphique de Gildas Secretin réceptionné, le patron d’ADA (À Découvrir Absolument) fut pris d’une impatience enfantine qui l’incita à livrer l’ouvrage dans la foulée. Alors que nous nous apprêtions à aller nous coucher.
Remué est le troisième album revisité intégralement. Le concept s’est imposé alors que l’équipe du webzine réfléchissait à la manière de fêter le vingtième anniversaire de ses volumes.
L’album #3 de Diabologum fut le premier à bénéficier du traitement. Puis ce sera au tour du Dry de PJ Harvey d’être refaçonné.
Redonner une seconde jeunesse à l’un des disques les plus âpres de la discographie de Dominique A n’est pas une sinécure. Gérald titilla nos oreilles en mettant en ligne la reprise très réussie et fort rassurante d’Exit par les Havrais de Tokyo/Overtones.
Que donne le reste ? Je ne saurai encore me prononcer, n’ayant pas achevé la première écoute. Mais disons déjà que l’entrée en matière par Lesoisovol lèse un peu l’auditeur, mais que ça s’arrange assez vite par la suite.
Cette sortie est donc l’occasion de revenir avec Gérald de Oliveira sur la genèse et la fabrication de ces hommages…
Quand as-tu eu envie de proposer ces Hors Série ?
L’idée, comme d’habitude chez moi n’est pas le fruit d’une grande réflexion. Je travaillais au volume 20 des compilations ADA, et plutôt que de partir dans un grand délire de trois cd’s, je me suis dit qu’un disque de reprises seraient pas mal. J’aime l’exercice des reprises, d’ailleurs je suis déçu que Lenoir n’impose plus aux groupes une reprise pour ses sessions. Après choisir un groupe un artiste devenait normal, et là où je me suis lâché c’est dans l’idée d’une relecture d’un disque. #3 était pour le coup une évidence. Je reste encore sidéré d’y être arrivé.
Comment choisis-tu les albums qui seront repris intégralement ?
Le choix ce fait d’abord dans ma discothèque, dans la partie disques à emporter sur une ile déserte. Ensuite j’écoute, surtout via Facebook certains musiciens. Au maximum ce sera sur des disques que beaucoup considèrent comme intouchables. D’ailleurs, je trouve courageux de se confronter à certains titres, les réactions sont parfois dures. Si la série continue, je pense proposer un album horrible, un truc très variétoche. Je suis pas un fou de télé, et c’est via le net que j’ai pu tomber sur des reprises de Julien Doré amenant certaines daubes vers un ailleurs qui pourrait nous toucher. Cela me titille.
Es-tu obligé de demander des autorisations aux artistes ou aux labels avant de lancer le projet ?
Non, je ne me pose même pas la question. Je reste dans le même esprit que les compilations ADA. Ces compilations sont pour moi une belle démonstration que l’on peut partager, et faire connaître de façon intelligente et gratuite. Je n’ai jamais signé le moindre contrat, et je me refuse à le faire le cas où. C’est un contrat de confiance et une compréhension du modèle : une pub gratuite sur un support ludique. Je ne suis pas fier de grand chose, mais cette histoire des compilations je dois avouer qu’elle peut me faire sortir de mon habit de modeste.
Combien de propositions de titres as-tu reçu pour cette nouvelle version de Remué ?
Pour Remué il y eut une quarantaine d’inscriptions et finalement j’ai reçu 24 morceaux. Le niveau est très inégal, je ne suis pas totalement convaincu par certaines versions, mais il y a une urgence que je veux garder. Il y a quelque chose à prendre sur l’ensemble des morceaux. Et puis je n’oublie pas le travail sur l’artwork, cela m’a toujours tenu à cœur. J’aime à penser que certains impriment et alignent ces compilations. Pour Remué le boulot est sublime. Pour info, je n’impose rien pour celui ci. Le but, comme pour les musiciens, pouvoir se faire connaître.
Quand tu as deux interprétations pour le même titre et que ces deux versions se valent artistiquement, comment arbitre-tu ?
Je n’ai pas eu le cas, mais si celui ci se présentait, je consulterais quelques musiciens, mon épouse, ma fille.
Est-ce que les anciens membres de Diabologum et PJ Harvey ont eu vent de l’existence de ces projets ? Si oui, quels ont été leurs réactions ?
Pour Diabologum, avant même que le projet voit le jour, j’avais des discussions via Facebook avec Michel Cloup. Je crois qu’il regrette que le disque soit loin de la brutalité du disque, mais en même temps le but n’est pas de refaire, mais justement d’emmener ailleurs. En ce qui concerne PJ Harvey : le fan club anglais a communiqué sur celle ci. Les retours sont plutôt bons.
Combien de téléchargements as-tu pu comptabiliser pour les deux premiers projets ?
Je n’ai pas un outil statistique fiables. De plus le dossier traine sur le net. Disons que via ADA nous frôlons les 5000 téléchargements pour Diabologum et les 4000 pour PJ Harvey. Cela me va bien. Certes à 10 téléchargements j’arrête, mais non je n’en suis pas là. Et puis le bénéfice est ailleurs. Savoir que Lou est invité sur scène pour reprendre Victory (extrait de Dry), c’est juste les yeux humides, cela n’ a pas de prix.
Tu as eu il y a quelque temps la tentation d’arrêter ADA. Quelles en furent les raisons ?
ADA est une escroquerie qui dure. J’ai fermé ADA une centaine de fois (rires). Non sérieusement, la dernière était la résultante d’un raz le bol. Je peux être très impulsif, et je supporte pas que quelqu’un qui navigue avec moi ne prenne pas autant sa part. Donc à cause d’un manque d’aide, de l’intransigeance de certains labels qui pour certains ne devaient pas comprendre (et pourtant cela saute aux yeux) que tout cela est amateur, et puis surtout il y avait ma plus belle réussite qui arrivait : ma fille. Donc voilà un vrai raz le bol. Certes on pourra toujours y ajouter l’envie consciente ou inconsciente d’avoir la confirmation que tout cela pouvait servir à quelque chose… Des mails, des lettres, et puis au final changer le fonctionnement, l’idée de centraliser sur les compilations, histoire de réduire la voilure, et donc de ne pas chroniquer le tout arrivant. J’ai quand même du mal à tenir le cap (famille, travail, loisirs), mais je pense que la formule est bonne, qu’elle soit réussie c’est une autre histoire. Donc je suis seul, j’ai ma fantastique Nhusao qui répare et embelli le site, et les musiciens et les labels qui continuent à me faire confiance.
Sais-tu déjà si il y aura un Hors Série #4 ? Et quel album il sera consacré ?
Oui, les inscriptions sont déjà ouvertes. Cela portera sur The Sophtware Slump, l’album de Grandaddy. J’ai longtemps hésité, et puis Mickaël Mottet d’Angil a par un post ou un mail réussi à me convaincre. J’ai encore des titres sans preneur mais je ne désespère pas. Pour la suite j’ai des envies : Mendelson, Palace, Smog, Tindersticks, Bashung… Mais rien de totalement défini.
Télécharger gratuitement le Hors Série #3.