L’année 2013 de Vincent Arquillière (POPnews)
Vincent Arquillière est un voyageur à la curiosité insatiable et bienveillante, mais c’est aussi un mélomane prescripteur. Il officie depuis un moment chez POPnews, l’un des tout premiers webzines français. Il m’avait confié son top 2010 il y a 3 ans, il est donc naturel que je l’invite à participer à cette nouvelle série…
A quoi a ressemblé ta vie de chroniqueur musique cette année ?
A un marathon, comme chaque année… Beaucoup de concerts et de festivals, et bien plus de disques que je ne peux en écouter (je parle de les écouter vraiment, pas de jeter une oreille sur Deezer ou Spotify pour pouvoir dire “Ouais, c’est pas mal”). Pour POPnews, je n’ai quasiment pas écrit de chroniques de disques (d’autres font ça très bien), mais des comptes rendus de festivals (Beauregard, La Route du rock et Rock en Seine avec mes camarades), plus quelques photos parfois, et des interviews. J’ai ainsi eu le plaisir de m’entretenir avec Lloyd Cole (pour la 5e fois), Bertrand Belin, le très sympathique John Parish, Juana Molina, Jay-Jay Johanson, les Parquet Courts, Holden, Mendelson, et même Christophe, chez lui. Et puis, je suis devenu officiellement “écumeur”, une forme de consécration…
Si tu ne devais garder qu’un seul disque, concert et clip de toute la production musicale 2013, lesquels seraient-ce ?
J’aurais du mal à trouver spontanément un disque pour lequel j’ai eu un énorme coup de cœur cette année. Ce qui s’en approche le plus, c’est sans doute l’album The Flower Lane de Ducktails, acheté après leur concert à l’International au mois d’août : un plaisir d’écoute constant. Sinon, le dernier Lloyd Cole, Standards, est sans doute l’une de ses plus belles réussites. Le disque de Money est très beau. Le Mendelson est bien sûr un monument, et comme tous les monuments, je ne l’écoute pas tous les jours… Le premier album des Parquet Courts est percutant, et j’attends beaucoup de la suite. Et puis le retour en grâce d’Alela Diane et de Prefab Sprout, la confirmation de la singularité de These New Puritans, ou le premier album de Tropical Popsicle chez Talitres qui, malgré la vogue néo-psyché actuelle, est passé un peu inaperçu. Ce sont ceux qui ont le plus tourné sur ma platine ou dans mon iPod, et il y en a sans doute d’autres qu’il faudrait que je prenne la peine et le temps de réécouter…
Je m’aperçois que je ne regarde quasiment pas de clips… J’aime quand même beaucoup celui de Juana Molina pour son morceau Eras, dont l’étrangeté me rappelle ceux de Gondry pour Björk.
En concert, je dirais Suede au Festival des Inrocks, j’ai pris un pied énorme. Et pas très loin derrière, les Parquet Courts, Nick Cave, Bruce Springsteen, Dead Can Dance, le Wedding Present… Surtout des vieux, donc, mais qui pour moi sont toujours pertinents aujourd’hui.
Une année est faite de naissances et de disparitions. Quel(s) événement(s) furent les plus marquants pour toi ?
Difficile de ne pas penser à Lou Reed qui, au-delà de sa discographie inégale, restera l’une des personnalités les plus importantes et influentes de l’histoire du rock, ne serait-ce qu’avec le Velvet… Une pensée aussi pour Gilles Verlant et Pierre-Louis Berlatier, tous deux disparus tragiquement et bien trop tôt : même si je ne les connaissais pas personnellement (j’avais juste croisé le second avec des amis communs), j’appréciais leur enthousiasme prosélyte. Quant aux naissances… Il y a sans doute des tas de nouveaux artistes, groupes et courants excitants qui sont apparus cette année (pour n’en citer qu’un seul, Lucius, de Brooklyn, découvert au Festival des Inrocks), je ne me fais donc pas trop de souci de ce côté-là.
Comment envisages-tu l’année qui vient ?
Je rêve que The Apartments sortent un nouvel album et/ou reviennent donner des concerts en France… Pour le reste, je ne fais pas trop de plans sur la comète, je ne suis pas certain que 2014 sera très différent de 2013, même si à titre personnel je ne serais pas contre un peu de changement.
Quel sera le point d’orgue de ta vie de mélomane en 2014 ?
Pas un concert du Velvet Underground à Bercy avec Lou Reed, Sterling Morrison et Nico en hologrammes, j’espère… Franchement, difficile à dire. Une bonne surprise, sans doute !